1/ Une vengeance... 100 pages
Cochran, un homme à moitié mort est sauvé in extremis mais au delà des blessures qui lui ont été infligées par son ancien patron, un violent baron de la drogue mexicain, dont il a volé l'épouse. Le pervers baron ayant meurtri son épouse (droguée, violentée et forcée à la prostitution), Cochran fait tout pour la mettre à l'abri pour qu'elle y meurt.
2/ L'homme qui abandonna son nom 96 pages
Nordstrom est un homme qui a réussit mais il remet en question le but de son existence lorsque sa femme le quitte sans rien lui expliquer ni lui reprocher. Il finit par se débarrasser de ses possessions et accepte d'être le cuisinier d'une petite station balnéaire où il se contente de vivre dans une cabane où il peut danser tout son soûl comme il aime tant à le faire.
3/ Légendes d’automne 90 pages
Le colonel Ludlow a trois fils qui s’engagent dans la première guerre mondiale. Malheureusement, le plus jeune garçon se fait gazer et tuer. Les deux autres frères rentrent mais leur destin est frappé par de multiples drames.
Je n'ai pas trop apprécié la lecture de la première histoire à cause de la violence malgré une prose toujours précise "comme si on y était", et c'est certainement pour cette raison que je ne me suis pas attardée sur cette nouvelle de 100 pages écrite avec toute la puissance de mon Jim alors dans ses débuts littéraires qui me semble vouloir forcer l'abject pour tester le lecteur.
Il avait été battu bien au-delà de tout désir de vengeance. Cette séance de torture lui apparaissait comme un long fil qui le ramenait du présent immédiat qu'il vivait dans cette chambre jusqu'aux premiers instants de sa naissance. (p.30)
La deuxième histoire nous offre un portrait d'homme qui se remet en question (métamorphose) mais qui n'a pas grand chose de sympathique (comme parfois le seront d'autres héros de Jim).
D'autres choses me troublent encore : pourquoi est-ce que je m'obstine à travailler ? Ma femme est partie et, de toute manière, elle n'a jamais eu besoin de mon salaire. Ma fille s'en va également et mes parents sont à l'abri de tous besoins. (p.151)
Le récit est d'un pessimisme à toute épreuve, car il est difficile de voir la déchéance d'un homme riche qui ne sait pas trouver le bonheur par lui-même. Heureusement que la prose de Jim varie entre drame et humour :
La lueur des images qui venait jouer sur son corps avait quelque chose de très excitant et un soir, lorsque Nordstrom la vit se caresser doucement, il se rua hors de chez lui à la recherche d'une prostituée. Il n'en trouva aucune dans les bars du voisinage et revint chez lui pour regarder un match de base-ball à la télévision, espérant que ce spectacle serait fidèle à sa réputation de grand soporifique national. (p.148)
La troisième nouvelle, bien que plus courte, semble plus longue car on traverse plusieurs années autour du cas de Tristan Ludlow : enfant sauvage très penché sur les rites indiens (se met à scalper les soldats allemands sur le front après la mort de son plus jeune frère). Il lui arrive tant de choses, tant de vies ! Tristan épouse Susannah, la promise de son frère, mais l'abandonne au bout de quelques mois pour aller naviguer et faire de l'import-export et devenir accessoirement espion. Susannah rendu à sa liberté finit par épouser le frère ainé, Albert, secrètement amoureux d'elle. Tout le récit prend corps autour de Tristan qui cherche dans le mouvement perpétuel de ses voyages, ses déplacements, une raison de vivre.
Une année, Ludlow reçut en guise de cadeau de Noël une tête réduite provenant de Java et l'année suivante un petit bouddha en or venu du Siam, ainsi qu'un flot constant de spécimens minéraux cueillis dans le monde entier. Il se pouvait donc que par une étrange fantaisie génétique, Tristan soit à l'image de son propre père et que, semblable à Caïn, il n'obéisse jamais à personne et continue de construire son destin avec des démarches tellement personnelles que nul dans la famille ne saurait avec certitude ce qui pouvait se passer dans cet esprit inflexible.(p.244)
Ce qu'il y a de bien lorsqu'on connait un peu la production littéraire d'un auteur, c'est que l'on retrouve ce qui nous plait tant mais on note d'autant plus férocement ce qui nous déplait ; dans mon cas c'est la violence (gratuite) et les scènes de sexe.
Je trouve étonnant que ce livre ait été le premier succès commercial de l’auteur car il est loin d'être facile à lire et aucun des personnages n'est sympathique.
Je n'ai pas vu le film 'Légendes d'automne" dont est tiré la 3è nouvelle mais d'après le résumé dont j'ai pris connaissance il me semble assez fidèle dans l'esprit malgré quelques arrangements sur les personnages. Le récit de "Légendes d'automne" aurait pu à lui seul être un roman s'il avait été plus long car car je le trouve trop étriqué dans ses 91 pages : il est tout de même question de l'histoire de trois générations autour de Ludlow : son propre père qui vit en Ecosse (les Orcades), lui-même, et son fils Tristan. C'est d'ailleurs, l'un des rares romans où Jim Harrison nous emmène ailleurs qu'en Amérique. J'ai ressenti dans ce récit comme un sentiment de rapidité comme si l'auteur avait voulu faire vite mais il n'est pas facile de résumer 50 ans d'aventures de trois hommes en 90 pages.
Pour résumé, j'ai lu ce livre en me forçant un peu car certains passages sont vraiment difficiles mais je ne regrette pas car je poursuis mon défi de lire et présenter sur ce site la littérature traduite de mon Jim.
- titre original : Legends of the Fall
- traduit de l'anglais (américain) par Serge Lentz
- 300 pages
- illustration de l'article : Jennie Brownscombe (Love's Young Dream)
j'ai choisi ce tableau car me fait penser à la nouvelle "Légende d'automne"
lorsque Suzannah qui attend le retour de Tristan