UNE ODYSSEE AMERICAINE (2008)


Michigan. Arrivé à la soixantaine, Cliff perd Lola sa chienne, puis sa femme et sa ferme à la suite de son divorce. Il décide alors de rendre visite à son fils qui habite la Californie à bord de sa vieille guimbarde car il déteste l'avion. Pour bien marquer son passage, à chaque fois qu'il quitte un état, il se débarrasse de la pièce correspondante d'un vieux puzzle en bois (par la fenêtre, au milieu d'une rivière, sous une pierre,...) . Rattrapé par sa première passion, la littérature - il a été prof-, il décide de renommer les états et les oiseaux, entreprise qui va s'avérer laborieuse car notre homme est également obnubulé par sa passion des femmes.
Un événement plus marquant encore s'est produit alors que je triais le contenu d'une grosse malle : j'ai découvert un puzzle datant de mon enfance. Il y avait quarante-huit pièces, une pour chaque Etat, toutes de couleurs différentes. La boîte contenait aussi des informations sur l'oiseau et la fleur associés à chaque Etat. Je ne connaissais que trop bien ce puzzle, j'avais consacré une bonne partie de ma jeunesse à m'occuper de mon petit frère Teddy qui souffrait de mongolisme, une maladie aujourd'hui qualifiée de trisomie 21. Teddy adorait ce puzzle et nous avons passé des heures à la faire et le refaire. (p.15)
Je n'ai pu résister à l'attrait de ce petit volume (seulement 270 pages) tellement j'avais hâte de relire du Jim Harrison alors que j'avais déjà entrepris une biographie un peu trop laborieuse à lire quoique très intéressante (celle de Charlotte Brontë). Je ne suis pas déçue, encore que le personnage incarné par Cliff soit légèrement moins "haut en couleur" que d'autres personnages de ses romans. J'ai pratiquement corné tout le livre, je procéde ainsi à chaque fois qu'une phrase me plait et dans celui-là, je me suis retenue. Car vraiment Jim Harrison a une manière d'écrire sur la vie, l'amour, la mort et l'importance des choses, qui éclipse de loin la plupart des auteurs. Ici encore, il y a des "monstres" ; j'ai déjà écrit que dans la plupart de ses romans, Harrison introduit un personnage "anormal" : amputé, difforme, soit par naissance, soit par accident, et que j'attribue cette particularité à ce qui lui est arrivé quand il était jeune (il a perdu un oeil à l'âge de 8 ans). Je le recommande (encore une fois) très vivement ! Car, comme les oiseaux dans le ciel (*), Jim Harrison perce pour nous des trous pour nous éclairer sur l'essentiel. La Nature et la place qu'on y a.

titre original : The English major
traduit de l'anglais (américain) par Brice MATTHIEUSSENT
270 pages

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