FAUX SOLEIL



Un journaliste se voit confier un reportage sur un homme d'exception : Robert Carvus Strang. Ce chef d'équipe autodidacte est a priori un homme banal, seulement il a travaillé dans le monde entier à construire des ponts, des barrages. Sa vie entière est sous le signe de l'eau. Parti à 20 ans, il revient 30 ans plus tard en Amérique pour une convalescence forcée suite à une chute. Dans sa retraite anticipée, il réapprend à marcher, enfin à se mouvoir, et reçoit le journaliste qui doit faire son portrait.



Ce livre est une merveille ! Le titre "Faux soleil" n'a rien à voir avec l'histoire. Sundog le titre en anglais par contre est plus explicite : Strang se comporte au fond comme un chien : fidèle et fou et le soleil suit sa route aussi sûrement que le tournesol suit notre étoile. J'adore cette histoire, j'insiste pour vous en recommander la lecture. Merci à mon ami Didier qui m'a fait découvrir cet auteur que je place dans le même genre que John Irving. Ils ont tous deux l'art de mêler les mots d'une vie ordinaire pour nous emmener dans un tourbillon (le mot est juste) de couleurs, d'odeurs, de sensations ; c'est une véritable ode à la vie, ou plutôt, à la volonté. Celle de poursuivre son destin, à moins que ce ne soit seulement la force d'aller à la rencontre de son rêve.

L'insomnie ouvre la porte à des souvenirs dont on a perdu la trace ; elle se moque du bon sens qui nous possède à midi ; tous les efforts que nous faisons pour canaliser nos pensées détournent notre énergie et matérialisent des visages inachevés, des corps asexués ; nous réapprenons que nos esprits sécrètent pièges, nœuds et lutins, nous retrouvons la marche à reculons, les ponts qui s'achèvent à mi-chemin et restent suspendus au-dessus du vide, ceux qui n'ont pas réussi à nous aimer, ceux qui nous ont irrévocablement blessés, volontairement ou pas, même ceux que nous avons blessés et qui poursuivent leur existence dans la prison de nos regrets.

 



  • titre original : Sundog
  • traduction par Brice MATTHIEUSSENT
  • 320 pages
  • illustration : Konstantin Kalynovych "Ombre de la destinée"